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jeudi 6 mars 2014

Plan social à France Télévisions NON A L’ABANDON DE LA PRODUCTION INTERNE !

Plan social à France Télévisions 

NON A L’ABANDON DE LA PRODUCTION INTERNE ! 


Depuis ce mois de février 2014, les organisations syndicales et la direction examinent les modalités d’une possible réorganisation de l’entreprise. D’un côté, la direction veut nous faire croire qu’il n’y a qu’une seule issue, une seule solution : travailler avec moins de salariés, et donc supprimer des centaines de postes. C’est la logique de son plan dévoilé en octobre 2013, et contre lequel les salariés se sont mobilisés.

Pour les CDI, cela se traduirait par un plan de départs « volontaires » pour 361 personnes, sans remplacement possible.
Pour les CDD, pigistes et intermittents, cela signifie diminution voire disparition des contrats.

A terme, la volonté de la direction est bien de réduire la masse salariale et de privilégier l’achat de programmes à des sociétés privées. Au-delà du plan de départs volontaires, c’est ce principe « d’abandon » que refusent les organisations syndicales. Au contraire, il est impératif de consolider l’audiovisuel public et son savoir-faire : cela passe par le développement de la fabrication interne. Il est tout à fait possible de l’envisager à court terme, y compris dans un contexte de maîtrise des budgets. Les organisations syndicales CFDT, CGC et SNJ détaillent ce projet dans le document ci-joint. Cette ambition, cette volonté de renforcer France Télévisions, nous la portons au nom des salariés lors des négociations. Rappelons que nous avons déjà proposé d’explorer plusieurs pistes prioritaires : - examiner sans délai toutes les émissions et programmes actuellement délégués à des sociétés privées, et fixer les conditions du transfert de leur production en interne ; - développer un projet éditorial ambitieux, prévoyant notamment la production de magazines d’information régionaux et nationaux, ainsi que le maintien de structures d’information internationale (notamment l'AITV) et de structures telles que le sous-titrage France 2. - écarter toute suppression de poste visant des fonctions auxquelles l'entreprise fait régulièrement appel via des sous-traitants ; - étudier en détails l’économie liée à "l'effet de noria" (départ volontaire de salariés avec une ancienneté importante, et embauche simultanée de salariés plus jeunes) ; - revoir le ratio d'encadrement dans toutes les emprises de France Télévisions. L’avenir de l’entreprise passe par la production et la fabrication d’information et de programmes variés, de qualité, en concordance avec nos missions de Service Public. Une réduction de la masse salariale, bâclée et déconnectée d’un projet stratégique, ne ferait qu’affaiblir France Télévisions
Paris, le 4 mars 2014

CFDT – CGC – SNJ 
PROJET ALTERNATIF POUR FRANCE TELEVISIONS

CONSTATS :

Depuis le 15 octobre 2013, la direction de France Télévisions a soumis aux différentes instances représentatives du personnel un projet de suppression de 361 emplois permanents. Et si aucun chiffre précis n’est évoqué pour les salariés précaires, la direction s’emploie à supprimer au moins le même nombre de postes occupés par des CDD, intermittents, pigistes ou cachetiers. Ce projet de l’équipe Pflimlin est largement contestable sur sa forme, mais nous n’y reviendrons pas en détails ici.
Le plus inquiétant, quand on examine le plan de la direction, c’est l’absence de véritable projet industriel permettant à l’entreprise :
1) d’assurer sa stabilité,
2) d’éviter les hémorragies professionnelles et sociales successives,
3) de construire l’avenir du Service Public.

 La lecture du projet fait apparaître que les dirigeants actuels de l’entreprise ont surtout souhaité répondre à une condition d’urgence, laissant à leurs successeurs la charge des licenciements futurs. Le tout dans un contexte pénible où l’entreprise publique France Télévisions est régulièrement présentée comme un « mammouth à dégraisser ». D’où ce plan visiblement bâclé, loin d’être à la hauteur des enjeux. Un plan qui affaiblira l’entreprise.

Un exemple : la direction envisage la suppression de dizaines de postes de journalistes ou de techniciens, soi-disant justifiés par un sureffectif. Mais c’est faux ! Aujourd’hui, France Télévisions fait travailler des centaines de journalistes et techniciens en interne, mais aussi via des sociétés de sous-traitance, où les contrats précaires sont la norme. Avant de s’attaquer à ses propres salariés, la direction ferait bien de vérifier quels sont les métiers dont elle a réellement besoin pour fabriquer des milliers d’heures de programme.

Les organisations syndicales sont donc aujourd’hui dans l’obligation de prendre en charge, au nom des salariés, une réflexion qui n’a jamais eu lieu sur l’avenir de FTV.

Pour la CFDT, la CGC et le SNJ, l’entreprise doit définir précisément ses projets éditoriaux et industriels. Une fois que des réponses cohérentes auront été apportées, et un choix politique effectué, la question de la réorganisation de l’entreprise pourra se poser. Mais pas avant.

Les syndicats de France Télévisions n’entendent pas rentrer dans une cogestion, mais devant la pauvreté et la dangerosité du projet présenté par la direction, ils sont dans l’obligation de 2 proposer des pistes de réflexion. Ces pistes doivent impérativement être explorées pour préserver la pérennité de l’entreprise, et ainsi éviter la spirale des plans sociaux successifs.

France Télévisions ne doit pas devenir, comme elle en prend le chemin, une simple entreprise de diffusion, dépendante du marché des images et des producteurs privés.

Il est donc urgent de réorienter les objectifs vers une production et une fabrication de l’information et des programmes, nationaux comme régionaux. Cette production interne doit permettre au Service Public d’être une référence audiovisuelle et d’affirmer son savoir-faire.

Un tel projet de relance ne peut pas être déconnecté des réalités économiques qui s’imposent à toute entreprise. Mais le marché audiovisuel privé ne doit pas être l’unique boussole du service public. Nous contestons ces comparaisons hâtives, surtout lorsque le groupe France Télévisions est opposé à des producteurs qui ne respectent pas les mêmes normes.

Les organisations syndicales CFDT, CGC et  SNJ proposent à l’occasion de l’examen du projet de réorganisation, que soient étudiées dans la transparence et avec une expertise partagée, les pistes de réflexion soumises dans le présent document.

Ces pistes s’organisent autour de trois axes :

- un projet global de relance du Service Public audiovisuel : une politique éditoriale ambitieuse et différente, servie par une fabrication interne renforcée, et financée par la baisse des achats extérieurs de programmes.
- une réflexion sur les coûts de la production interne, et notamment ceux engendrés par la réorganisation amorcée en 2009 (avec son alourdissement des budgets et des strates d’encadrement). Un organigramme alternatif de l’entreprise serait conçu pour faire face à cette nouvelle charge de production. Une nouvelle organisation du travail serait mise en place, afin de favoriser la réactivité et la créativité indispensable à une entreprise audiovisuelle.
- un projet de plan de départs volontaires, afin de rajeunir la pyramide des âges, de rationaliser le taux d’encadrement, et de permettre un redéploiement des effectifs vers le cœur de métier.

Ce projet doit être accompagné d’un audit organisationnel, poste par poste. Évidemment, ces objectifs ne seront atteints qu’avec une adhésion forte du personnel, qui doit retrouver une fierté dans l’exercice de ses missions de Service Public et d’appartenance à l’entreprise France Télévisions.

1. RELANCE INDUSTRIELLE :

A. En matière d’information :

 Définition d’une politique rédactionnelle avec comme mission première pour France Télévisions de fournir une information de qualité, pluraliste, et indépendante de toute influence tant politique qu’économique.

La mission de FTV en matière d’information doit permettre de répondre aux exigences de tous les téléspectateurs, où qu’ils se trouvent. Notre Service Public est au service du citoyen, il travaille pour une République fière de sa diversité, sur un territoire où le soleil ne se couche jamais.

Ce qui signifie qu’à côté des réseaux dits de « flux tendus » (chaînes et radios d’information en continu), le projet éditorial que nous devons défendre est celui d’un groupe de chaînes généralistes. Ce projet doit répondre aux besoins d’information, d’analyse et de réflexion de chacun d’un bout à l’autre du territoire.

Face à la masse d’information disponible, notamment via les réseaux sociaux omniprésents, il convient de réaffirmer la nécessité d’une information de journalistes : une information collectée, contrôlée, vérifiée et signée.

La force de France Télévisions demeure un maillage exceptionnel des territoires et des cultures de la France.Cet atout exceptionnel doit être valorisé, notamment sur France 3 et les Outremers 1ère, car c’est cet outil qui va permettre la reconquête du public.

L’exigence de FTV, c’est une offre d’information dont la qualité est irréprochable et la variété unique, autant sur les supports (télévision, radio, internet) que sur ses périmètres (local, régional, national, international). Le pluralisme passe par des structures éditorialement indépendantes, mais plus complémentaires que concurrentes.

Cette refonte du programme rédactionnel doit être mise en place après une analyse partagée des objectifs, et avec les redéploiements qui s’imposeront dans un cadre négocié.

B. En matière de programmes :

Chacun peut constater que depuis plusieurs années un mouvement de fond touche l’entreprise France Télévisions : l’externalisation de la production et de la fabrication des programmes.

Cette externalisation a un impact fort sur le choix et la qualité des programmes diffusés, tant sur les antennes nationales que sur les antennes régionales.

Ce mouvement est aussi le cœur des difficultés actuelles de la société FTV en matière d’emplois.

Le manque de fabrication interne affaiblit terriblement l’entreprise. Ses salariés sont au fur et à mesure dépossédés de leur travail tout en continuant de peser sur les comptes de l’entreprise, ce qui aboutit à justifier au fur et à mesure les suppressions d’emplois. Cette tendance instaure un climat délétère dans l’entreprise et pourrait aboutir à faire de l’entreprise un simple diffuseur. Pourtant, le cahier des charges impose cette fabrication interne, qui garantit à terme l’indépendance par la possession des droits.

Cette externalisation massive est toujours justifiée par des impératifs économiques : la pseudo compétitivité et la pseudo réactivité plus forte du secteur privé.

Sans méconnaître les lourdeurs qui peuvent exister dans le service public et qui feront l’objet de propositions, il appartient en premier lieu de vérifier les véritables économies réalisées par ces productions extérieures.

La comparaison entre les productions externes et internes est en réalité aujourd’hui biaisée.

Les productions en interne sont soumises, certes au droit du travail, mais pas aux conditions de rémunérations du privé. Les productions en externe sont souvent subventionnées via l’utilisation abusive du système prévu par les annexes 8 et 10 des Conventions Unedic, celles consacrées aux intermittents.

Chacun sait que ces annexes, sont en réalité des subventions déguisées à la production, mais qui au final, sont payées par le même contribuable. De même, le contribuable continue à rémunérer le salarié FTV qui est en sous-emploi du fait de cette externalisation. En outre, les productions externes privent l’entreprise des droits d’exploitation et des ressources futures de ce patrimoine externalisé. De ce fait, une comparaison entre les coûts externes et les coûts internes ne peut se faire dans la loyauté, sans prendre en considération l’ensemble des coûts induits et des recettes ultérieures de la production ainsi ré-internalisée ainsi que la valeur patrimoniale des oeuvres créées et de leur réutilisation.

Les organisations syndicales proposent donc que soit établi un véritable outil de comparaison qui inclut l’ensemble des coûts et des recettes des deux systèmes.

Ce comparatif permettra de comprendre que la question de l’internalisation ne peut uniquement être fondée sur des niveaux de compétitivité à court terme, sans prendre en considération la destruction de valeur, de savoir-faire et de richesse future auquel correspond une production externalisée.


2. RELANCE SOCIALE :

A. Redéploiement des effectifs et réorganisation du temps de travail :

La redéfinition d’une politique industrielle implique nécessairement de repenser l’organisation du travail au sein de l’entreprise. Le fonctionnement sur objectifs individuels est à bannir, nous devons privilégier une organisation par projet collectif.

Le redéploiement des effectifs doit se faire là où vont être repérés les nouveaux besoins dans le cadre d’une nouvelle politique industrielle. Les futurs recrutements seront liés à ces nouveaux besoins.

Ce redéploiement doit bien évidemment tenir compte des impératifs de coût issus des comparatifs avec les productions externes.

Un nouveau ratio d’encadrement, adapté aux besoins réels, devra être défini. L’allègement de ces superstructures lourdes et coûteuses doit permettre de soutenir la production interne. Ce redéploiement des effectifs doit servir à la ré internalisation des programmes.

De même, la question du temps de travail et de son organisation peut être reposée afin de permettre une adéquation entre les nouveaux impératifs de fabrication, le respect du temps de travail et l’équilibre vie sociale / vie professionnelle.

Les organisations syndicales sont prêtes à envisager les négociations nécessaires.

B. Plan de départs volontaires :

Dans le cadre de la redéfinition d’un projet industriel et du redéploiement des effectifs, il peut être admis un projet de départs volontaires, afin notamment d’accompagner un objectif de rajeunissement de la pyramide des âges et de bénéficier de « l’effet de noria ».

Dès lors que l’égalité de traitement est garantie, les organisations syndicales pourraient envisager de signer le projet initial de livre I avec les modifications qui s’imposent. Toutefois, il est hors de question pour les organisations syndicales, d’accepter tout projet déconnecté d’une révision profonde des objectifs industriels.

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