Le résultat est tombé hier soir: quasiment 84 % des journalistes des rédactions nationales de France Télévisions (France 2, France 3, France Info, FranceInfo.fr, Thalassa/Faut Pas rêver, Les Sports) ont
exprimé leur défiance à l'égard de Delphine Ernotte.
Avant même ce résultat, dès lundi soir 19h, vous avez adressé
un message à l’ensemble des salariés indiquant poursuivre coûte que coûte votre
vision des choses sans prendre en compte l’expression de ceux qui sont au cœur
des missions historiques de la télévision publique.
En d’autres termes : « J’ai un cap et je
n’en dévierai pas. Je détiens la vérité…c’est comme ça et pas autrement »
Qu’entendons-nous dans ce message au
personnel ? Hors numérique point de salut ! Hors « Franceinfo: » point
de salut non plus !
Surtout pas un mot des 1eres, les régions de France 3,
de France 5 et encore moins de France Ô et France 4 qui font l’objet depuis des
semaines des spéculations les plus folles.
Quel soutien de votre part pour tous ceux qui
œuvrent pour toutes ces identités dans lesquelles se reconnaissent les téléspectateurs-citoyens
de la télévision publique ?
Le numérique et la modernité sociétale ont bon dos
pour réduire le périmètre de l’audiovisuel publique ! Pourtant votre
directeur financier déclarait au dernier CE du Siège devant les élus « Le
numérique ça fait moderne mais ce ne peut pas être le relai de ce que nous
faisons…cela rapporte des clopinettes et il faut au bas mot attendre 10 ou 15
ans avant qu’il soit rentable !»
Le plan d’économie que vous assénez sans concertation
aucune, frappe durement l’ensemble du groupe France Télévisions.
Concrètement, il est maintenant question de
-
supprimer 180 postes
dont 30 à l’info,
-
se séparer d’une partie
importante du catalogue de droits accumulés toutes ces années par la Direction des sports – dont on nous a
dit également en CE-Siège qu’elle n’était plus une priorité pour France
Télévisions.
-
L’avenir de France Ô chaque
jour un peu plus flou.
-
La suppression des
locales de France 3 en région,
-
la poursuite de la
suppression d’émissions emblématiques comme le 13h15, 19h
le dimanche, le Soir 3 (d’abord le week-end) en attendant celui de la
semaine,
-
la vente les droits des coupes
de France de la ligue,
-
le possible abandon des
JO voire d’autres évènements sportifs emblématiques.
Bref un plan d’ampleur qui n’aurait soi-disant qu’une
seule et unique origine : les fameux 50 millions d’euros d’économies imposés par le gouvernement que vous n’avez
cessé de contester. Un argument de communication de la présidence qui imaginait
embarquer avec elle tout France Télés. Bien, Tel n’est pas le cas.
Ainsi, moins de 2% d’économies sur l’ensemble du
budget de France Télévisions nécessiteraient de se séparer d’une partie des
bijoux de familles, de réduire le nombre de sujets du 20h et bien sûr de
toujours plus externaliser la production des magazines d’info et
d’investigation, de préparer le démantèlement de la Direction des sports,
d’amener France Ô sur la voie de décélération, entre autres…
Le problème comme nous l’avons dit par ailleurs, c’est
que cette présentation de la situation économique est biaisée.
La question reste posée : comment peut-on
annoncer le rétablissement de la situation financière de l’entreprise en 2017 à
raison d’environ 100 millions d’euros d’économies par an et plastronner encore que l’entreprise est revenue
à l’équilibre pour se dire par ailleurs,
fragilisé par 50 millions d’euros d’économies au point de devoir
tailler dans ses missions premières, son cœur de métier, la culture de son
savoir-faire, son patrimoine historique ?
Que dire également de
cette politique outrancière qui ne vise à s’adresser qu’aux jeunes et à
abandonner les plus de 50 ans, tant chez les téléspectateurs que dans l’entreprise
elle-même ?!?...
Personne ne peut déclarer qu’il faille « gagner en cohésion et en solidarité »
et faire exactement le contraire ! Diviser pour mieux régner et asphyxier
nos moyens de production !
Si certains
médias reprennent ce discours en cœur, soyez certains que l’immense majorité
des salariés de France Télévisions n’en sont pas dupes car ils savent ce qu’ils
valent, ils connaissent leur carrière professionnelle.
Votre jusqu’auboutisme, ignorant de ce qu’est
l’audiovisuel public avec toute son histoire par rapport aux citoyens français,
les salariés de toute l’entreprise l’ont maintenant bien identifié. Ils savent que cette direction ne leur
apportera plus de réponse car ils ont vécu l’expérience de la réponse du matin
qui n’est plus celle de la veille. Ils savent que ces économies coûtent de
l’argent public mais aussi des carrières professionnelles et des vies privées.
Ils savent maintenant qu’elles frappent d’abord et toujours ceux qui fabriquent
la télévision publique.
Comme souvent dans les temps de grande confusion, le
politique est tenté de reprendre la barre et le Président de la République
s’est exprimé dans des termes extrêmement sévères concernant France Télévisions
et sa gestion catastrophique mais pas
contre celles et ceux qui travaillent
souvent dans des conditions de plus en plus dégradées (Et pas pour des salaires
120 000€/an et plus, eux). Quand il évoque les problèmes de gouvernance et
de gaspillage, il faut reconnaitre que
nous ne vivons pas autre chose au quotidien.
Quant aux choix stratégiques pour l’audiovisuel
public, si les salariés ne sont pas dupes du jeu d’échec qui se joue entre ses
dirigeants et le gouvernement, ils n’en ont pas moins ras-le-bol de toutes ces
déclarations intempestives qui tombent à l’eau et ne reflètent en rien ce que
doit être la télé publique !
Une conclusion s’impose. L’Histoire nous appris
qu’aucun chef ne peut mener et encore moins gagner une bataille sans la
confiance de ses troupes et encore moins avec des soldats qui se considèrent
trahis.
Dans un tel contexte et après un tel désaveu, à chacun
d’en tirer les conséquences et de prendre ses responsabilités. Nous avons pris
les nôtres et nous continuerons à les prendre.
Paris, le 13 décembre 2017
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