Snpca-Cgc

lundi 27 juin 2016

France Ô, la variable d’ajustement

Comme en 2014 et en 2015, la direction chante la même chanson: France Télévisions devance TF1 avec 28,6 % de part de marché et coifferait donc « La Une » qui ne totalise que 27,8 %. TOUT CELA : grâce à France Ô évidemment et ses 0,8 % d'audience en moyenne !!!


Delphine Ernotte de pavoiser en CCE: "France Ô est la chaîne du groupe qui a le plus progressé en 2015 ! » Les « compliments » sont allés « droit au cœur des salariés » de Malakoff…à l’évidence ! Sauf que tout ça sonne faux. Derrière le bouquet de lauriers et la soi-disant bonne nouvelle, il y a en fait deux pilules que les personnels de France Ô vont avoir beaucoup, MAIS ALORS BEAUCOUP de mal à avaler: la chaîne publique d’info en continu et la réforme de France 3 Régions !


Décryptage :

A/ La Chaine info…

La priorité de Delphine Ernotte n’est évidemment pas France Ô mais bien le lancement de cette énième offre publique d’information qui devrait démarrer le 1er septembre prochain avec un nombre de recrutements extérieurs sans précédent.

1 – Le Canal TNT :

Non seulement France Télévisions n’a aucun moyen financier pour concevoir et mettre en œuvre la chaîne info (cf. les PV des différents CCE et CE-Siège qui se sont tenus ces derniers mois !) mais surtout Delphine Ernotte a besoin d’un canal sur la TNT.

Le 27 qui semble-t-il est le seul disponible (derrière LCI) est beaucoup trop loin des autres chaines d’info en continu comme Itélé et BFM TV….Résultat, Delphine Ernotte fait le forcing pour récupérer le canal 14 (celui de France 4) et devancer ainsi lesdits concurrents qui n’en sont pas réellement puisqu’elle et Field n’ont pas arrêté  de dire que « la chaine serait totalement différente et ferait de l’info avec le recul nécessaire » [attention de ne pas trop reculer tout de même pour éviter de tomber dans le trou !].

Que faire alors de France 4 qui fait de meilleures audiences que France Ô ? Et bien pardi : on lui attribue le canal 19… celui de France Ô qui, elle, basculerait avec ses 0,8 %... sur ledit canal 27 !

Pan : et d’un !

2 – La diffusion :

Autres soucis : la diffusion sur le multiplex R1 dédié aux chaines du service public – une diffusion qui devait de surcroît passer en HD  et dont Delphine se félicitait du « basculage en mpeg 4 » lors des vœux aux salariés médusés !

Comme la chaîne info n’a pas été prévue sur ce multiplex, il faut donc lui faire de la place…et qui va s’y coller ? Dans le mille Emile : France Ô !!!

D’où l’annonce de la nouvelle ministre de la Communication qui a remplacé Fleur Pellerin et qui  déclare que la chaîne des Outre-mer sera diffusée « en basse définition à compter du 1er septembre prochain »

Pan : Et de deux !


3 – Les finances :  

Comme aucun budget n’a été anticipé pour créer cette nouvelle chaîne comme l’a martelé Frédéric Mautret au nom de Delphine Ernotte qui l’avait parachuté secrétaire de séance du CE  siège  « toute l’entreprise doit faire des efforts financiers ! » [dixit, le duo]. En clair : il va falloir se serrer la ceinture et France Ô, comme d’autres, va devoir mettre au pot pour financer la création de la dite chaine info.

Sauf qu’avec un budget annuel d’environ 30 millions d’euros, pour un budget global de France Télévisions de 2,8 milliard d’euros dont 2,5 de dotation de l’Etat par exemple, les conséquences ne seront pas les mêmes.

Et pour faire des économies à Malakoff, la direction n’a rien trouvé d’autre que de proposer de sortir l’établissement du périmètre du Siège en transformant le site de France Ô en 10ième station ultramarine.

Un « Francexit » télévisuel qui n’est majoritairement pas du goût de tous. Conséquences immédiates, exit Malakoff du CE commun, des instances communes, etc. Repositionnement en station régionale et donc budget à la baisse !...La direction de France Télévisions voudrait se débarrasser de l’établissement de Malakoff qu’elle ne s’y prendrait pas autrement.

Pan : Et de trois !

B / France 3 Régions

L’autre pilule qui passe mal pour les salariés de Malakoff : la manipulation dont ils sont victimes avec leurs collègues des stations des 1eres par la direction de FTV en vue de la grande réforme de France 3 Régions.

Explications :

L’autre grand chantier de Delphine Ernotte après la chaîne info, sera la réforme de France 3 en province suite à la toute récente réforme du gouvernement qui a redécoupé le périmètre des régions françaises. Fini les 4 pôles régionaux s’ajoutant au pôle IDF. Retour à 13 régions France 3 calées sur les 13 régions administratives.

Mais là aussi : pas d’argent ! Résultat, l’intéressée a décidé de se servir de la situation particulière des stations ultramarines pour appeler à un renforcement de la productivité à France 3…et d’évoquer devant 150 « top managers » le fait qu’en plus de la TV et du web, les collègues d’outre-mer doivent faire de la radio. Donc, plus de travail qu’en régions métropolitaines, de surcroit, avec des moyens moins importants !

La ficelle est énorme !

Et pour faire valider cette réforme en C.C.E. où les élus ultramarins sont en nombre,  Delphine Ernotte leur promet une carotte… SUR LE DOS (UNE FOIS DE PLUS !) DES SALARIÉS DE FRANCE Ô (Eh bien oui, il faut bien la financer cette carotte !) Résultat, elle promet de puiser dans le budget riquiqui de Malakoff  pour arroser les outre-mer mais le budget de France Ô  étant quasiment exsangue, la manne pour les 1eres sera ridicule !

Sans compter que cette somme divisée par 9 stations (et encore, les grosses stations des Antilles et de La Réunion voudront le gros du gâteau !) en ajoutant le cout de la vie sur place, ce sera du trois fois rien: autant dire que ce « PLUS », se transformera en miettes dans chaque station.

Conséquence : Delphine Ernotte s’apprête à faire des frustrés outre-mer, des lésés à Malakoff et des gens en colère dans l’ensemble des régions de France 3 ! Tout ça pour ça ?!?...Pour entre autre un chaîne d’info publique dont l’audience prévisionnelle ne devrait pas dépasser les 0,1% Monter les salariés les uns contre autres… Quelle « noble politique »  managériale  !!!

Non, vraiment, ça suffit Delphine Ernotte ! Les salariés de Malakoff en ont plus que marre. Il est hors de question pour eux de servir de variable d’ajustement pour financer d’autres projets du groupe France Télévisions.

Le SNPCA-CGC ne laissera pas faire cette comptabilité de « je prends à l’un pour donner à l’autre ! » qui se transforme chaque jour davantage en : « Je prends à France Ô pour donner aux autres chaines du groupe France Télévisions ! »…

vendredi 3 juin 2016

Levée du préavis de grève à la rédaction radio de Malakoff !

Levée du préavis de grève à la rédaction radio de Malakoff !


Les Organisations syndicales SNJ, UCSA-CGT, CFDT et CGC ont décidé ce vendredi de lever le préavis de grève déposé pour le lundi 6 juin après deux journées de négociation avec la DRH.
Cette décision a été prise après consultation de l’ensemble des journalistes de la rédaction radio de Malakoff qui ont pris en compte les acquis de ce mouvement.

Les Organisations syndicales se félicitent d’avoir obtenu la création de postes et des engagements en termes de matériels et de réaménagements des locaux de la rédaction.

La direction semble avoir également entendu le malaise exprimé par les membres de la rédaction radio. Elle a pris des engagements pour instaurer de nouvelles relations professionnelles et humaines entre la hiérarchie et l’équipe rédactionnelle.

Les Organisations syndicales seront vigilantes sur le respect de ces engagements.

Dans cet esprit, un point d’étape a été fixé courant septembre entre les signataires du protocole ci-joint.

Malakoff , le 3 juin 2016


jeudi 2 juin 2016

Un bijou d'embobinage à France Ô

"Faîtes mÔa confianceeeee !"

« Je ne sais rien mais je vous le dis ! » Comprendre : « Je sais, je ne vous dis rien mais ce sera comme ça ! »…ou comment faire passer la pilule à son équipe sans se la mettre à dos, histoire de  croire que rien n’est décidé, tout en l’informant (en espérant que personne ne bronche !) que son projet de réorganisation de l’info sur France Ô sera bien mis en place à l’antenne à la rentrée de janvier 2017 !

L’exercice était périlleux, le directeur de l’information de France Ô et des 1ères s’y est donc pris en deux fois : d’abord avec ses cadres (le 31 mai) puis avec l’ensemble des personnels de la rédaction outre-mer, le 1er juin.

2 h 30 de réunion ce mercredi au cours de laquelle Stéphane Bijoux a voulu présenter des exemples des « fameux modules » si chers à Delphine Ernotte. Comme dupliquer l’exercice qui avait eu lieu au CCE où aux côtés de cette dernière était présent le directeur de l’info de France Ô, il a dû batailler avec le wifi maison pour diffuser lesdits modules. Et comme au CCE, peine perdue : ça ne fonctionnait pas ou quasiment pas. 

« Nous devons tout miser sur le numérique », dixit le patron. Sauf que le matériel FTV ne suit pas. C'est dire ! Seul le module « incarné » a pu être diffusé car enregistré sur le disque dur de son ordinateur portable. Et patatras ! Le verdit unanime et immédiat des journalistes présents ne s’est pas fait attendre : « C’est abject» … « Une honte»… « Nullissime»… « A gerber ! »…

Que ne faut-il pas faire pour rester dans les petits papiers de celle à qui on écrit et développer sa maxime  prononcée en CCE : « La chaine info sera un laboratoire social ! ». Stéphane Bijoux la fait sienne. Mieux (ou pire, c’est selon !) : le laboratoire social concernera aussi bien la participation de la Rédaction outre-mer à la chaine info que l’évolution de l’info sur la chaine France Ô ! Bonjour les petits rats.

Exit donc le JT Info Soir dès janvier 2017 au profit d’un talk-show de 18 à 19 heures dans lequel le directeur de l’info n’a donné justement aucune info ni piste concernant la place… de l’information. !
Ayez confiance !!! « Rassurez-vous, on continuera de servir les stations ultramarines dans un nouveau dispositif baptisé Images 1ères ! » - un dispositif censé remplacer « les réseaux ». 

Avec qui ? Avec quel budget ? Combien coutera la facture du nouveau logo, de l’habillage, de la nouvelle marque, etc.. (à l’image de la gabegie financière scandaleuse de la transformation de ERDF en ENEDIS pour la bagatelle de 25 millions (selon la direction) et plus probablement 10 fois plus, selon les sources syndicales.) Que ne fait-on pas avec l’argent public ?!?... 

Et le tout : avec quels effectifs ? « 79 ETP ! », assure Bijoux  « Sur le papier, ça passe !» …Et tout ça pour assurer :
-         Les 3 JTI quotidiens de la future chaine info
-         Les 2 modules quotidiens « no comment »
-         Le résumé du week-end
-         Le JT info-soir (au moins jusqu’en décembre 2016)
-         Les reportages quotidiens pour les 9 stations ultramarines
-         Une émission politique hebdomadaire dans le cadre de la Présidentielle 2017
-         Des émissions spéciales…

Du papier à la réalité : sur 79 ETP, seul une vingtaine de journalistes est directement concernée et apte à produire ! Pourquoi ?...

Exit donc le nouveau module d’information de France Ô que le même Stéphane Bijoux avait mis en place en septembre 2015 – une réalisation basée sur deux JT quotidiens qui devaient trouver leur place sur 3 ans. Pas de débriefing, pas de bilan de cette première saison. Alors que d’aucun, dont le SNPCA-CGC, saluent des progrès, des réussites, des innovations… comme l’évolution du rythme des JT, le recours à l’infographie, la collaboration du web et des personnels de la radio, la réalisation d’éditions ou d’émissions spéciales sur « Kassav », le zika, les 70 ans de la départementalisation outre-mer… Certes, tout n’est pas parfait et il reste constamment du travail pour améliorer l’existant.

Dès lors, pourquoi cette précipitation vers "le laboratoire social" sans passer par la case : débriefing ?... Pourquoi cette hâte à présenter l’esquisse d’une nouvelle info sur France Ô à partir de janvier 2017 alors que vient tout juste d’être nommé un nouveau directeur de France Ô et des Outre-mer 1eres en la personne de Wallès Kotra ? Un nouveau directeur qui semble avoir son propre un projet de réorganisation de France Ô pour mieux servir les stations ultramarines...

Comment ne pas tiquer et en perdre son latin  journalistique quand le directeur de l’info ne cesse d’utiliser des termes et des expressions (clients / benchmark / produits / capter…) dignes des meilleurs cabinets de marketing ?!?...

Voilà que, peu à peu, "le labo social" si cher à madame Ernotte dévoile une partie de son objectif : non seulement casser et transformer les métiers à FTV au mépris de la toute récente nouvelle organisation sociale, mais en parallèle, transformer peu à peu le groupe public en une vaste entreprise digne du pire secteur privé où nos téléspectateurs, nos internautes et nos auditeurs (oui, il y a aussi de la radio à France Télévisions !) sont ramenés à de simples… consommateurs ! (avec sans doute du "temps de cerveau humain disponible"... Ça ne vous rappelle rien ?). Les salariés de Malakoff ne sont pas contre la chaine info, mais pas de cette manière, et surtout pas à leur détriment et des populations qu'ils servent.

Comment dès lors, pour les personnels concernés, rester pleinement optimistes suite à ce projet de refonte de l'information sur France Ô ? TOUT N’EST PAS A JETER A LA POUBELLE : la perspective de redonner un peu plus de travail aux personnels techniques au travers d’une grande émission plateau, au travers d’un recours accru aux graphistes, aux monteurs...

MAIS A QUEL PRIX ? AU PRIX D’UNE DÉGRADATION DE CETTE MISSION FONDAMENTALE D’INFORMER ?…

Au final, les salariés ont le sentiment que le directeur de l'info ultramarine est plus préoccupé par son propre avenir professionnel que par le sort de ses troupes. Tel le capitaine à la tête d'un navire qui manque de marins, de carburant et de victuailles : "En avant toute - Direction droit devant  !"... sans prendre le temps de consulter la carte et de vérifier que le cap est bon.

Avec tel Kaa dans le Livre de la jungle le regard en phase avec les propos "Aie confianceeeee !!" Se serait-il laissé lui-même hypnotisé par les sirènes du 8ème étage.

Quel dommage ! Car le même, avec l'aide de ses lieutenants, n'a pas démérité avec la nouvelle formule qu'il a installée l'an passé et qui marque des points. Encore faut-il savoir écouter ses troupes. Car c'est bien là justement « tout l'art de la guerre » : aller au combat ... en faisant corps!

Paris, le 2 juin 2016