Snpca-Cgc

mercredi 13 décembre 2017

Déclaration liminaire des élus SNPCA-CGC au CCE de France Télévisions des 13 & 14 décembre 2017


Le résultat est tombé hier soir: quasiment 84 % des journalistes des rédactions nationales de France Télévisions (France 2, France 3, France Info, FranceInfo.fr, Thalassa/Faut Pas rêver, Les Sports) ont exprimé leur défiance à l'égard de Delphine Ernotte.

Avant même ce résultat, dès lundi soir 19h, vous avez adressé un message à l’ensemble des salariés indiquant poursuivre coûte que coûte votre vision des choses sans prendre en compte l’expression de ceux qui sont au cœur des missions historiques de la télévision publique.

En d’autres termes : « J’ai un cap et je n’en dévierai pas. Je détiens la vérité…c’est comme ça et pas autrement »

Qu’entendons-nous dans ce message au personnel ? Hors numérique point de salut ! Hors « Franceinfo: » point de salut non plus !
Surtout pas un mot des 1eres, les régions de France 3, de France 5 et encore moins de France Ô et France 4 qui font l’objet depuis des semaines des spéculations les plus folles.

Quel soutien de votre part pour tous ceux qui œuvrent pour toutes ces identités dans lesquelles se reconnaissent les téléspectateurs-citoyens de la télévision publique ?

Le numérique et la modernité sociétale ont bon dos pour réduire le périmètre de l’audiovisuel publique ! Pourtant votre directeur financier déclarait au dernier CE du Siège devant les élus « Le numérique ça fait moderne mais ce ne peut pas être le relai de ce que nous faisons…cela rapporte des clopinettes et il faut au bas mot attendre 10 ou 15 ans avant qu’il soit rentable !»

Le plan d’économie que vous assénez sans concertation aucune, frappe durement l’ensemble du groupe France Télévisions.

Concrètement, il est maintenant question de
-      supprimer 180 postes dont 30 à l’info,
-      se séparer d’une partie importante du catalogue de droits accumulés toutes ces années  par la Direction des sports – dont on nous a dit également en CE-Siège qu’elle n’était plus une priorité pour France Télévisions.
-      L’avenir de France Ô chaque jour un peu plus flou.
-      La suppression des locales de France 3 en région,
-      la poursuite de la suppression d’émissions emblématiques comme le 13h15, 19h le dimanche, le Soir 3 (d’abord le week-end) en attendant celui de la semaine,
-      la vente les droits des coupes de France de la ligue,
-      le possible abandon des JO voire d’autres évènements sportifs emblématiques.

Bref un plan d’ampleur qui n’aurait soi-disant qu’une seule et unique origine : les fameux 50 millions d’euros d’économies imposés par le gouvernement que vous n’avez cessé de contester. Un argument de communication de la présidence qui imaginait embarquer avec elle tout France Télés. Bien, Tel n’est pas le cas.

Ainsi, moins de 2% d’économies sur l’ensemble du budget de France Télévisions nécessiteraient de se séparer d’une partie des bijoux de familles, de réduire le nombre de sujets du 20h et bien sûr de toujours plus externaliser la production des magazines d’info et d’investigation, de préparer le démantèlement de la Direction des sports, d’amener France Ô sur la voie de décélération, entre autres…

Le problème comme nous l’avons dit par ailleurs, c’est que cette présentation de la situation économique est biaisée.

La question reste posée : comment peut-on annoncer le rétablissement de la situation financière de l’entreprise en 2017 à raison d’environ 100 millions d’euros d’économies par an  et plastronner encore que l’entreprise est revenue à l’équilibre pour se dire  par ailleurs, fragilisé par 50 millions d’euros d’économies au point de devoir tailler dans ses missions premières, son cœur de métier, la culture de son savoir-faire, son patrimoine historique ?

Que dire également de cette politique outrancière qui ne vise à s’adresser qu’aux jeunes et à abandonner les plus de 50 ans, tant chez les téléspectateurs que dans l’entreprise elle-même ?!?...

Personne ne peut déclarer qu’il faille « gagner en cohésion et en solidarité » et faire exactement le contraire ! Diviser pour mieux régner et asphyxier nos moyens de production !

Si certains médias reprennent ce discours en cœur, soyez certains que l’immense majorité des salariés de France Télévisions n’en sont pas dupes car ils savent ce qu’ils valent, ils connaissent leur carrière professionnelle.

Votre jusqu’auboutisme, ignorant de ce qu’est l’audiovisuel public avec toute son histoire par rapport aux citoyens français, les salariés de toute l’entreprise l’ont maintenant bien identifié. Ils savent que cette direction ne leur apportera plus de réponse car ils ont vécu l’expérience de la réponse du matin qui n’est plus celle de la veille. Ils savent que ces économies coûtent de l’argent public mais aussi des carrières professionnelles et des vies privées. Ils savent maintenant qu’elles frappent d’abord et toujours ceux qui fabriquent la télévision publique.

Comme souvent dans les temps de grande confusion, le politique est tenté de reprendre la barre et le Président de la République s’est exprimé dans des termes extrêmement sévères concernant France Télévisions et sa gestion catastrophique  mais pas contre celles et ceux  qui travaillent souvent dans des conditions de plus en plus dégradées (Et pas pour des salaires 120 000€/an et plus, eux). Quand il évoque les problèmes de gouvernance et de gaspillage, il faut reconnaitre que nous ne vivons pas autre chose au quotidien.

Quant aux choix stratégiques pour l’audiovisuel public, si les salariés ne sont pas dupes du jeu d’échec qui se joue entre ses dirigeants et le gouvernement, ils n’en ont pas moins ras-le-bol de toutes ces déclarations intempestives qui tombent à l’eau et ne reflètent en rien ce que doit être la télé publique !

Une conclusion s’impose. L’Histoire nous appris qu’aucun chef ne peut mener et encore moins gagner une bataille sans la confiance de ses troupes et encore moins avec des soldats qui se considèrent trahis.

Dans un tel contexte et après un tel désaveu, à chacun d’en tirer les conséquences et de prendre ses responsabilités. Nous avons pris les nôtres et nous continuerons à les prendre.



Paris, le 13 décembre 2017

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