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mardi 5 juin 2018

Liminaire au CE Siège - Réforme de l’audiovisuel public: À contre-jour et à contretemps


Réforme de l’audiovisuel public:
À contre-jour et à contretemps


Hier, en fin de matinée les Présidents de l’Audiovisuel Public sont venus prendre leurs lettres de missions rue de Valois, dans une ambiance très cinquième république, mais plutôt du début cinquième, que n’aurait renié ni Michel Debré, ni Alain Perrefitte et surtout pas le Général ! Tels des préfets de l’Audiovisuel, elles et ils ont tous joyeusement abondé dans ce grand plan dont personne ne sait, ni comment, ni pour combien, il sera réalisé.

Et ce pour une simple raison, c’est que cette grande ambition de la Télé publique 3.0 est d’abord fondée sur un plan drastique d’économies que nous allons, nous salarié(e)s, continuer de subir. Faire de la télé, de la vieille télé, mais aussi de la nouvelle télé, du web, de la tablette, du smartphone, mais en faire toujours plus avec toujours moins. Et sans se plaindre sous peine de passer pour des archaïques.

Ah les salarié(e)s de France Télévisions qu’ils soient sur les plateaux, dans les services dit supports administratifs, à l’Info, en outremer, aux Magazines, aux Sports, n’ont pas la chance des producteurs privés qui, eux, vont bénéficier d’un budget « sanctuarisé ». Du coup, la première annonce de Françoise Nyssen lors de cette présentation, n’était autre que l’assurance au privé qu’il continuerait bien de bénéficier de la manne d’argent public de la redevance. Dans les dîners en ville on peut desserrer la ceinture.

Pour le reste, si les intentions sont louables, explorer de nouveaux territoires de la création, innover etc... La question reste entière, avec quels moyens ? Certes la ministre a semblé vouloir déverrouiller le carcan des décrets Tasca et permettre à FTV d’exploiter enfin les droits de ses productions mais là encore sans plus de précisions. Doit-on être confiant dans cette promesse, ou bien ce paragraphe ne risque-t-il pas d’être « glyphosaté » par les lobbies privés dans la future loi ? Car dans les dîners en ville, on ne choisit pas, c’est fromage et dessert.

Sinon réjouissons-nous, les Régions vont enfin faire de la télé régionale, 6h par jour, avec France Bleu et d’ici septembre, mais là encore avec quels moyens ? Mystère. Ou alors avec la peau de qui ?

En somme Françoise Nyssen annonce une grande réforme mais la loi viendra après, elle donne un cap mais sans garanties, ni annonce de réforme de financement. Elle décrète que France TV va parler aux jeunes alors que le groupe re-signe ses plus gros contrats avec des animateurs que l’on voit à l’antenne depuis les années 60 ou 80. Et que les nouveaux qui arrivent appartiennent tous à « des écuries de prod’ », issues du royaume de l’entre-soi.

Françoise Nyssen confirme dans les missions premières de la télé publique l’information et la liberté de ton, alors que les journalistes et les équipes des rédactions nationales, des magazines et de la chaine info, tirent la langue chaque jour face aux coupes financières rampantes. Nous rappelons que le meilleur checkeur de fake news est le journaliste de terrain compétent parce qu’il connaît ses dossiers, les interlocuteurs et qu’il a le temps de remplir sa mission.

Au milieu de cela il y a aussi une sourde menace, celle de la braderie des bijoux de famille :

Que veut dire « libérer le canal de France 4 » ? Y installer une autre chaine du groupe ou plus simplement l’offrir au privé ? Un canal stratégique, le 14, qui fait des envieux...

Que veut dire « il reviendra aux téléspectateurs d’outremer et aux élus de décider s’ils veulent conserver France Ô ? ». Doit-on comprendre, si vous en voulez, vous le financez, vous, les collectivités locales ? Un modèle d’ailleurs dont on peut parier qu’il s’appliquera pour les régions de France 3. On essaiera après cela de développer la liberté de ton de l’info quand le financeur est l’élu du coin ?

En plus d’être cadrée à total contre-jour, Françoise Nyssen, par des annonces non étayées et qui masquent mal des intentions ambigües, apparaît surtout, terriblement à contretemps.

Des Elu(e)s du CE Siège ressentent une certaine défiance devant cette liste de courses et doivent plus que jamais se montrer vigilants, en période de disette financière, devant les appétits du privé.

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